Voilà plus de trente ans que la France légifère sur la question des gens du voyage.
Les Pyrénées Orientales sont largement concernées par ce phénomène et pourtant il y une forte carence en matière de places disponibles, 60% c’est plus que la moyenne nationale.
Cette année le pouvoir central a décidé de répliquer, à travers trois arrêtés préfectoraux, afin de créer, dans l’urgence, 300 emplacements provisoires chez Perpignan Méditerranée Métropole, 200 chez Sud Roussillon et 200 chez Albères Côte Vermeille Illibéris.
Le mouvement Agissons vous révèle, sur quatre cartes, les emplacements précis de ces aires de grand passage à Argelès sur Mer, Rivesaltes, Saint Cyprien et Villeneuve de la Raho.

Bien que chacun des arrêtés idoines visent des avis d’associations représentatives des grands passages, nous émettons de sérieux doutes quant à ce que les voyageurs se réjouissent de leurs lieux de villégiature bordure de voie rapide ou voie ferrée, vue sur piste d’aéroport, effluves de centre de tri de déchets ou de station d’épuration, pas sûr que les membres de la communauté se réjouissent de leur cadre de vie provisoire.

Pire, dans un délai si court et loin de tous réseaux d’eau potable, d’eaux usées ou électriques, les conditions d’hygiène et de sécurité interrogent. L’Etat en délègue la responsabilité et le financementà nos communautés de communes. Seule l’aire de Saint Cyprien fait exception, raccordée aux réseaux.

Comment l’Etat peut-il porter agrément pour l’accueil de tant de caravanes sur des terres classées agricoles ?
Qu’adviendra-t-il si un incendie éclate, d’une ampleur comparable à celles du camping des Sables d’Or à Agde, pourtant équipé de défense incendie ?
Combien vont coûter, aux contribuables, les installations pour fournir électricité, eau potable où la collecte des déchets et des eaux usées d’aires si éloignées des réseaux ?
Certes une fois la quotité de places conforme à la législation, l’autorité pourra plus fermement imposer ces aires aux voyageurs si ces derniers les boudent, mais ce ne sera pas sans mobiliserforces de l’ordre et tribunaux, là aussi à grand renfort de deniers publics.
La publication, in extrémis, de ces arrêtés soulève également un grave problème juridique, ils sont en effet contestables de façon gracieuse ou contentieuse pendant deux mois à compter du 22 Mai, notons qu’un rejet de recours gracieux est également attaquable prolongeant la période de recoursjusqu’à la fin de l’été.
Ces aires pourraient donc perdre leurs agréments en plein pèlerinage.
Les aires de grand passage des gens du voyage font l’objet d’un schéma départemental d’accueil, et qui dit schéma dit retour d’expérience, concertation et prévision ce dont ces arrêtés semblent complètement dépourvus.
Le mouvement Agissons appelle l’Etat et les autorités locales à une meilleure concertation, « nous ne plaidons pas pour la création des campings 4 étoiles pour les voyageurs mais des dispositifs dignes, sécuritaires et pragmatiques afin de répondre aux exigences légales et celles de la communauté.«
« Il nous paraît indispensable de travailler avec respect vis-à-vis des voyageurs, citoyens français, afin de développer une meilleure cohabitation au lieu de cultiver une politique de fracture prompte à la gabegie de deniers publics. Quid de la position de nos députés au mutisme récurrent ? »
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